Tous les médias, du plus grand public au plus professionnel, parlent depuis hier du fameux “Bug Facebook”. Certains utilisateurs auraient constaté la présence de “messages privés” sur leur mur. Les Ministres français, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, ont même demandé à la CNIL de convoquer l’équipe de Facebook pour s’en expliquer dès aujourd’hui.
De son côté, Facebook explique qu’il n’y a aucun bug et dément formellement l’information, notamment dans un e-mail adressé à Techcrunch : “Nous avons vérifié chaque affirmation. Nous n’avons pas vu un seul cas dans lequel une conversation privée a été dévoilée. Il y a beaucoup de confusion car avant 2009, il n’y avait pas de «like» et de commentaires sur les posts publiés sur le wall. Les utilisateurs postaient en alternance sur leur wall au lieu d’avoir une seule conversation“. En effet, les utilisateurs de Facebook ont pendant longtemps utilisé la fonction “de mur à mur” qui permettait d’interagir à plusieurs avant l’apparition des messages privés.
Je ne rentrerai pas dans le débat “bug” ou “pas bug” qui va je pense animer notre communauté pendant quelques temps et qui a déjà le mérite d’amuser nos murs respectifs. Mais il me semble important de revenir sur le caractère privé des échanges. Lorsque nos amis ont utilisé cette fonctionnalité “de mur à mur”, et même si la conversation était – de fait – publique, l’interface de Facebook les a amenés à penser que cette conversation revêtait un caractère privé. Le “bug” subi aujourd’hui est donc la mise en avant publique de données publiques, mais que l’utilisateur pensait privées.
Au-delà de la technique pure, les concepteurs d’applications web, et particulièrement de réseaux sociaux (publics ou d’entreprises), doivent désormais se poser la question du contexte d’usage des fonctionnalités qu’ils proposent. On ne doit plus considérer la donnée brute stockée dans une base de données avec un champ “public/private”, mais l’on doit bien considérer dans quel contexte d’usage et dans quelle interface cet utilisateur, qui nous fait confiance, a saisi cette donnée. Et l’on doit se reposer cette question pour déterminer si aujourd’hui, demain ou dans trois ans, on peut légitimement afficher cette donnée dans un autre contexte, un autre flux ou une autre ergonomie.
Nicolas CHAGNY
Vice-Président @ Internet Society France
Directeur Général @ Les Argonautes